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Trop d'instituteurs vont rater la rentrée des classes
Publié le 01/09/2014 à 08:01
Certains instituteurs n'intègrent leur classe que deux ou trois jours après la rentrée. / Photo DDM illustration, S. Lapeyrère
De plus en plus de professeurs expérimentés connaissent leur établissement d'affectation après la rentrée des classes. Les syndicats pointent la désorganisation. Le rectorat affirme que la situation s'améliore.
Ces enseignants ne sont ni vacataires, ni remplaçants. Ce sont des professeurs ayant entre 3 et 5 ans d'ancienneté dans l'Education nationale en moyenne, mais qui n'ont pas assez de points pour être titulaires d'un poste fixe. Chaque année, ils sont soumis au système des mouvements de l'Education nationale, une loterie où moins on a de points (ancienneté, enfants à charge, appréciation), plus on a de chances de se retrouver là où personne ne veut aller. Au fin fond du Comminges quand on habite Toulouse, ou dans un établissement accueillant un public difficile, par exemple.
«Si encore on était prévenus, ne serait-ce qu'une semaine à l'avance, pointe Marie. Mais non, l'an dernier, on m'a appelée trois jours après la rentrée…» Et cette enseignante de 32 ans n'est visiblement pas la seule.
Les syndicats du premier degré voient de plus en plus de professeurs frapper à leur porte pour demander des informations. «En fait, poursuit le syndicaliste, on est dans une gestion des effectifs à flux tendus. Le rectorat est à l'élève près. S'il désignait des professeurs sur des classes qui ne sont pas remplies à «ras bord», il aurait l'impression de ne pas bien rentabiliser un professeur. Donc il attend de bien avoir «tassé» tous les élèves dans les classes à la rentrée pour affecter les professeurs. Le phénomène s'est accentué pendant les années Sarkozy, avec les réductions d'effectifs. Mais il subsiste toujours», explique Christophe Lalande, secrétaire départemental du Snudi-FO.
«C'est nous traiter comme des pions, réagit Marie. Je ne sais toujours pas dans quelle ville je vais enseigner, si ce sera en petite maternelle, en CP, en CM2. Quand j'arrive, c'est le bazar, il faut refaire toutes les classes, les cahiers, changer des enfants de classe. Comment voulez-vous travailler sereinement dans ces conditions ?»
Le directeur académique des services de l'Education nationale, Michel-Jean Floc'h, est bien conscient du problème. «Mais on essaie d'améliorer les choses, explique-t-il. Cette année, 30 à 40 enseignants recevront une affectation provisoire dès lundi (aujourd'hui). Je m'y engage. L'an dernier, ils étaient plus de 100 dans ce cas.» La Haute-Garonne a reçu 148 postes d'enseignants supplémentaires pour 2 686 élèves de plus à cette rentrée. «Un effort non négligeable».
Le chiffre : 40
instituteurs >En affectation provisoire. Selon le rectorat, 30 à 40 professeurs recevront aujourd'hui au plus tard leur affectation provisoire. L'an dernier ils étaient plus de 100.
Dans les collèges aussi
Séverine est professeur de français en collège depuis 5 ans. Après un an de stage, elle a enseigné un an à Créteil (Val-de-Marne), puis est revenue à Toulouse en faisant valoir un rapprochement de conjoint. «Je suis TZR, c'est-à-dire que je fais des remplacements. Au mois de juin, on m'a affectée à Colomiers et Beauzelle. OK, très bien. Je suis même allée me présenter à ces établissements, le contact a été excellent. Et puis, mardi dernier, à une semaine de la rentrée, je reçois un appel du rectorat m'informant que finalement, je suis dans deux collèges de Toulouse. Comme ça, sans raison. Ce n'est pas normal. On est des pions, sans visage, sans âme, sans sentiments…»
Cyril Doumergue