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Pétards du 14 juillet : « Nous faisons face à de vraies plaies de guerre »Le professeur Alain Sautet, chirurgien orthopédiste et traumatologue à l'hôpital Saint-Antoine (Paris)
« Mortiers en mains, doigts en moins. » C'est le slogan de la campagne lancée hier par la préfecture de police (10 juillet). A quatre jours de la fête nationale, les autorités vont commencer à distribuer des tracts sur les dangers des pétards du 14 Juillet. Chaque année, en Ile-de-France, une cinquantaine de personnes sont grièvement blessées.
A l'hôpital Saint-Antoine (Paris XII
e), le professeur Alain Sautet, 55 ans, chirurgien orthopédiste et traumatologue, répare avec son équipe spécialisée les mains mutilées par les mortiers.
Qu'appelle-t-on un mortier ?ALAIN SAUTET. Ce ne sont pas les petits pétards rouges de notre enfance, mais de véritables explosifs, placés dans des tubes lanceurs. Ils sont fabriqués en Asie, sans aucun contrôle de qualité. Ce sont en général des produits importés illégalement via la Belgique et l'Allemagne. On peut les acheter en France sous le manteau ou se les procurer sur Internet.
Qui sont les victimes de ces explosifs ?Ce sont surtout des jeunes de 20 à 25 ans qui n'ont pas conscience du danger. Il y a aussi les victimes collatérales, celles qui se trouvent à côté ou qui, en voulant ramasser un mortier envoyé par un tiers pour l'éloigner et se protéger, vont être mutilées.
Quelles sont les conséquences ?C'est le pouce qui est touché la plupart du temps et les extrémités des autres doigts. Il arrive qu'on récupère des victimes dont le pouce est amené par les policiers dans un sac. Nous faisons face à de vraies plaies de guerre. On répare les lésions cutanées, nerveuses, vasculaires, tendineuses et osseuses. On suture. On met des vis et des broches dans les os. Le plus délicat, c'est la peau. Les mortiers provoquent également des dégâts psychologiques et sociaux. Une victime privée de son pouce ne pourra plus assurer un travail manuel.
Le trac de prévention de la préfecture de policeLa plupart des pétards interdits« Face aux risques de troubles à l'ordre et à la sécurité publics, l'utilisation, la vente, le transport de tous les artifices de divertissement et articles pyrotechniques sont strictement interdits dans la capitale et les trois départements de la petite couronne (Hauts-de-Seine, Val-de-Marne, Seine-Saint-Denis) », rappelle la préfecture de police. Seules les personnes justifiant d'une utilisation à des fins professionnelles peuvent déroger à cette règle. En revanche, « les pétards qui, utilisés avec prudence, ne présentent qu'un très faible danger », sont autorisés. D'autres restrictions sont prises en amont de la fête nationale. Depuis le 8 juillet et jusqu'à mardi, il est en théorie impossible de remplir un jerrican d'essence dans une station-service de l'agglomération : la vente au détail de produits pétroliers et combustibles domestiques est interdite.
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